Les études ne sont plus réservées aux jeunes et les facultés françaises ouvrent leurs
portes aux plus âgés. L’Université inter-âge offre aux adultes qui en ont le temps, la
possibilité de venir «encore» ou «enfin» se cultiver. Ce phénomène de société touche
au moins 250 000 personnes dans toute la France. Pourquoi cet engouement pour le
retour sur les bancs de l’Université?
L’espérance de vie s’est considérablement allongée. La retraite, voire la préretraite,
marquant la cessation des activités professionnelles, libère des hommes et des
femmes encore jeunes – 60 / 65 ans – des contraintes de la vie dite active: enfin, on a
le temps, et ce temps, on a le souci de le remplir le plus intelligemment possible. La
connaissance, quels que soient l’âge et la formation initiale de chacun, est le seul
moyen d’élever son esprit et de cultiver à la fois sa personnalité et sa sociabilité.
Les cours proposés sontils les mêmes que ceux que suivent les «vrais» étudiants,
ceux qui entrent à l’université pour préparer leur avenir et en sortent avec des
diplômes qui sont censés leur ouvrir les portes de la vie active? Les amphithéâtres
des facultés de Lettres, de Droit, de Médecine, de Sciences... voientils s’asseoir côte
à côte le grandpère et le petitfils tout juste bachelier? L’université a compris que la
course aux diplômes et à la réussite, avec le stress qu’elle engendre, n’est plus de
mise pour ces étudiants d’un «autre âge». Si l’on fréquente l’université, ce n’est plus
par obligation mais par plaisir, qui rime avec désir, et l’on s’y presse le jour de la rentrée solennelle (et pourquoi pas festive!). Voir des centaines de personnes – et les
effectifs connaissent un rajeunissement certains – assises sur les bancs des
«amphis», debout, massées dans les escaliers ou les entrées faute de places, ne
saurait laisser indifférent. Les conférences succèdent aux cours, les ateliers aux
labos : la littérature étrangère ou française, la philosophie, les arts, l’histoire des
sociétés ou des civilisations, l’astronomie et la géologie... L’étudiant de l’université
inter âge court vers la culture et, avec le même bonheur, vers les terrains de golf, les
chemins de randonnées, les salles de gymnastique ou de yoga.
L’Université inter-âges n’auraitelle pas repris les recettes de Montaigne pour «faire
un homme de bien»: «ce n’est pas assez de lui raidir l’âme, il lui faut aussi raidir les
muscles»? Mais n’estil pas vrai que ces étudiants ont «encore» et «enfin» le temps
pour le faire.